L'alimentation du cheval d'extérieur
 
 

La nourriture d'un cheval est souvent choisie "au pif", imposée par le club, ou pire encore, choisie selon son prix.

Si votre budget mensuel est faible, achetez un cheval facile d'entretien (type camargue, merens...). S'il est très faible, peut être vaut il mieux renoncer à votre projet pour l'instant...

Le cheval a des besoins, et on ne peut espérer le garder en bonne santé et en état de travailler que si l'on propose une alimentation adaptée à son cas:

-âge,
-niveau d'embonpoint,
-intensité et régularité du travail,
-éventuellement problèmes spécifiques (plus de dents; myosite récidivante, coliques, emphysème...)

En prime une diète bien construite peut permettre d'augmenter considérablement les performances, voire de remettre au travail des chevaux qui posaient des problèmes d'ordre vétérinaire. Ceci est très vrai pour les chevaux d'endurance, atteint de myosite ou encore d'arthrose.

Lorsque vous choisissez une pension il est important de vous renseigner sur ce qui sera offert à votre cheval, et sur les possibilités de faire distribuer un complément que vous jugerez utile. De nombreux cavaliers regardent les installations avec bien plus d'intérêt que la grange...pourtant si une douche high tech reste un luxe sans grand intérêt objectif pour votre cheval, il vous remerciera si la gamelle se remplit chaque jour d'un foin de qualité et d'un complément éventuel approprié.....

Toute alimentation équine doit compter les éléments FOIN (ou herbe) en forte quantité et EAU à volonté
Il n'y a aucune exception, sauf à vouloir vraiment voir votre cheval en colique....

Rappel : "EFG" est le bon ordre de distribution des rations: eau puis foin puis granulé ou complément.....sinon l'assimilation est affectée et le coût de la ration augmente.

EAU

Les abreuvoirs automatiques et autres baignoires à chasse d'eau sont des musts, de nos jours ce doit être une prestation de base pour votre cheval en pension.
Même chez vous équipez vous à minima de grosses baignoires de 200 L; car les seaux ça se renverse si facilement....et surtout ca ne peut pas subvenir aux besoins de votre cheval en cas d'absence à la journée.
On trouve des baignoires usagées gratuitement dans les déchetteries.

L'eau proposée doit être propre sans tomber dans le "clinique".

FOIN


Ah là il y a a dire !!
Le cheval de 500 Kg DOIT recevoir au moins  5 Kg de foin de qualité chaque jour; soit 1 Kg MINIMUM pour 100 Kg de poids vif.
Donc pas "un peu" de foin et le reste en paille.
Avis à certains clubs où l'ont trouve le transport de foin un peu trop fatiguant apparement !

Si votre cheval ne va pas à l'herbe, exigez ce minimum; il en va de sa santé.
Bien sûr il est souvent possible et utile de diminuer le concentré au profit d'un foin de qualité; doubler ou tripler la dose de foin est tout à fait envisageable.
Le manque de foin cause l'ennui, qui cause des tics d'écuries gravissimes et dépréciateurs. Il cause aussi des soucis de transit; avec à la clé le risque d'une colique qui sera mise à votre charge.

Un cheval adulte qui travaille peu et qui est facile d'entretien pourra se satisfaire d'une ration de foin de qualité, additionnée éventuellement d'un peu de verdure (herbe, carotte, ...) et d'une pierre à sel.

Un cheval sortit plusieurs fois par semaine, en croissance, ou âgé devra recevoir impérativement une complémentation; sans quoi il sera carencé voire maigrira (cas type du cheval âgé qui a du mal à mastiquer son foin).
Les carences ne se voient souvent que plus tard...lorsque les dégâts sont sérieux voire irréversibles (accident osseux, goitre,...)

Ici notez que je ne vous parle pas de la mise au pré "pour nourrir", car dans ma région alimenter ainsi son cheval  de façon notable est un doux rêve pour l'immense majorité des propriétaires.


Le foin de "prairie".

Naturelle ou pas, de montagne ou de plaine. Il n'y a aucun contrôle sur ces foins, donc à vous de regarder ce qu'il y a dans la balle.

En Vaucluse on servait dans mon ancien club un foin merdique, avec des morceaux de roseaux, des sacs plastiques broyés....poussiéreux en prime. Bref une atrocité.
Ca n'empêchait pas certains chevaux de devenir obèses, mais leurs poumons n'allaient pas très bien et surtout ils étaient soumis à un faible travail....Un athléte entrainé pour l'endurance n'aurait pas pu se satisfaire de ce foin.

Il existe cependant sous cette appelation de très bons foins. Souvenez vous toujours qu'un bon foin est secs, craquant, il sent bon, ne dégage pas de poussière lorsqu'on ouvre le pli.
Il n'a pas de trace de moisi bien sûr. Sa couleur est vert à un peu jaune en fin de saison, mais jamais pailleux. Il n'est pas trop grossier et exempt de corps étrangers ou de branches, racines....

Le foin de luzerne.

C'est un foin qui peut rééquilibrer certaines rations mais doit être utilisé avec parcimonie car il est riche. Un pli par jour et par cheval semble le maximum raisonnable pour un animal adulte qui travaille souvent. Il sera donc complété par un foin de type prairie.

La luzerne donne malheureusement un foin dur et poussiéreux, à éviter pour les chevaux qui toussent et âgés.
En elle même c'est un produit naturel intéressant, mais assez inadapté au cheval adulte en repos.

Le foin de Crau AOC

Le fameux !!
La première coupe est celle destinée au cheval (sur les 3 annuelles)

Ce foin s'avère riche en protéines, calcium, sel...
De qualité très supérieures à de nombreux foin, il peut cependant être conccurencé par certain produits issus de montagne, surtout sur le créneau du cheval adulte en repos ou faiblement travaillé.

Il montre un rapport phospho calcique assez approprié aux besoin du cheval; et contrebalance d'ailleurs certains déséquilibres des céréales.

Ce foin s'adresse surtout au cheval au travail ou difficile d'entretien, qui sera alors supplémenté avec un autre aliment ou non, selon son embonpoint, son mode de vie et les efforts demandés.

N'achetez pas du foin de Crau si à cause du prix ou de sa richesse vous rationnez votre cheval en deça du minimum !!

CEREALES

Les céréales sont un bon moyen d'augmenter les apports en énergie chez le cheval, mais certains sujets ne tolèrent pas bien l'amidon/glucide.

L'avoine

Malheureusement vite échauffante à cause de la présence d'un élément proche de la caféine. Pour le cheval qui a de gros besoins uniquement. Elle n'est pas équlibrée à elle seule, son taux de phosphore pose problème par ex.
Généralement donné en complément d'une autre céréale ou d'un granulé.

L'orge

Plus approprié au cheval en  travail moyen, mais entraine aussi un déséquilibre phospho-calcique à combler. Elle doit être donnée aplatie ou germée, mais pas entière car très dure !

Granulés et floconnés 

Plus faciles à gérer, souvent bien mieux équilibrés qu'un menu "traditionnel" construit parfois au pif. Coût plus élevé.
Attention, il est fréquent de trouver dans ces présentations une grande quantité de mélasse et de canne à sucre ou betterave sucrière. Donc grosso modo on bourre votre cheval de sucre pour rendre l'aliment appétent (ça flatte le proprio !!) et faire des volumes et de l'énergie à pas cher !
Et c'est valable y compris pour les marques "nature"  !
Le sucre ainsi apporté est nuisible pour l'organisme comme pour les dents du cheval.
Bannissez donc tous les produits qui se vantent d'être sucrés, et ceux dont des ingrédients sucrés apparaissent tôt dans la composition; qu'il faut donc lire sans tenir compte de blabla commercial en gros sur la paquet.
Il existe des formulations pour tous les cas de figure : cheval âgés, poulain, cheval de sport, cheval atteint de myosite, complément de ration céréalière......

AUTRES


Le pain n'est pas un aliment destiné à nourrir les chevaux. Il contient de grandes quantités de sucres lents qui peuvent causer des désordres musculaires parfois impressionnants chez les chevaux les plus sensibles (allant jusqu'au spasme musculaire, une myosite d'effort...). Ses apports en fibres, proteines, graisses, vitamines et minéraux sont totalement inintéressants et le risque d'étouffement du cheval bien réel.
A réserver à la récompense isolée.

La graine de lin est une supplémentation intéressante. Elle doit cependant être bien gérée. En effet donnée crue elle présente une toxicité pour le cheval. L'huile de lin est elle très fragile; rance (en quelques semaines ou mois) elle s'avère dangereuse aussi.
Par contre ces graines grillées ou cuites apportent au cheval de nombreux éléments bons pour la peau, la corne et le fonctionnement musculaire (sélénium). Il faut y adjoindre obligatoirement un apport de vit E pour fixer le dit sélénium.
Ce produit sera avantageux pour aider les mues des chevaux qui ont du mal ou favoriser le bon fonctionnement des muscles des chevaux atteints de myopathies et shivering. Comptez 2 poignées/jour/cheval; en cure lors des mues ou à l'année pour la performance sportive.

L'huile de colza est un apport en énergie, graisse, oméga et vitamine E intéréssant pour le cheval sportif ou intolérant aux glucides et amidon issu du céréale (myophatie). Comptez de 100 à 500 ml/Jour /cheval. Les quantité doivent être augmentées lentement et la cure devra être longue pour avoir un réel bénéfice. Izio 4 est en fait essentiellement constituée d'huile de colza ! Mais bien plus chère bien entendu....

L'huile tournesol remplit le même rôle, mais son équilibre est différent. Un peu plus chère.

Attention ! L'utilisation d'huiles en fortes quantités serait responsable d'une moins bonne assimilation du calcium. Donner plus de 200 ml/jour à un cheval adulte ne doit donc se faire qu'après avis vétérinaire et en s'assurant que la ration apporte un surplus de calcium.

Les fruits et légumes sont intéressants mais rarement donnés en quantité suffisantes pour influer sur l'équilibre alimentaire. Les légumes n'étant pas sucrés, il sont plus avantageux. Vous pouvez en donner chaque jour, et jusqu'à 1 Kg pour les pommes et carottes (coupées).


Gestion des cures et des compléments

Rien n'est pire que le "nomadisme alimentaire" et encore la supplémentation "au hazard" voire "selon la mode".
Un régime alimentaire doit être pensé et chaque modification justifiée par des éléments objectifs : baisse de performance, cheval trop gros, poil piqué, résultat de prise de sang, préparation à la compétition ou à une grosse randonnée....

La majorité des produits de "cure" sont vendus en pack pour un mois. Ce qui est généralement totalement insuffisant.

Même un produit pour la mue doit être commencé au moins 2 semaines avant le début de l'événement, et poursuivi jusqu'à la pousse complète du nouveau poil, soit  2 mois de soins environ pour beaucoup de chevaux "en difficulté" face à cet événement.....

Les régimes destinés à la performance sportive, musculaires doivent être donnés au moins 4 mois pour percevoir un réel effet, et ensuite donnés tant que dure la sollicitation sportive (éventuellement donc à l'année)

Ceux destinés à l'articulation doivent être donnés en cure de 2 mois et plus, toute l'année en observant  2 mois de pause entre chaque cure au maximum.

On est loin de la boite de "Flexx" donnée une fois l'an pendant  20 jours !!

Il est donc important de ne pas se disperser, de bien cibler les besoins de votre cheval et de construire un régime que vous pourrez financer à long terme.

Méfiez vous aussi : "Mieux" et souvent l'ennemi de "Bien" et certains suppléments peuvent être toxiques s'ils font double emploi : sélénium par exemple. Un dosage sanguin ou une analyse de crin n'est pas un luxe dans certains cas.




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