Au risque de ne pas me faire que des amis; je vais me permettre de faire une petite analyse de ce courant du "cheval au naturel", qui m'a bien séduite au départ mais qui semble parfois virer à l'extrémisme ou au charlatanisme commercial...


Lorsque vous commencez à vous intéresser au "cheval au naturel", vous tombez sur des tas de sites et de forums. Certains vous vendent des selles, brides, vermifuges....d'autres vous disent qu'il ne faut rien acheter en dehors des boutiques des premiers...et d'autres encore vous explique que le monde est un complot contre l'espèce humaine et bien sûr contre le cheval.

Au milieu de tout ça, on trouve heureusement des gens censés, mais ce sont rarement les plus bruyants. D'ailleurs, la plupart participent finalement assez peu à ces forums, et se retrouve paradoxalement sur des sites "généralistes" ou des lieux privés.

Sur les adresses "à fond naturel", vous tomberez assez vite sur 2 profils d'interlocuteurs:

-L' ADEPTE est un fervent convaincu. Il ne tolère plus rien en dehors de la doctrine qu'on lui a enseignée. Ainsi, le mors, le fer, l'arçon de la selle, mais aussi les bandes de travail, les granulés, les vaccins...sont des outils diaboliques. Le cheval est son ami pour la vie; il ne peut pas concevoir une seconde qu'il faille s'imposer pour obtenir sa coopération. Heureusement, l'adepte est tellement intolérent que vous le repérerez vite: il souffle et montre des signes de violente contrariété dès qu'il voit un cheval embouché; une couverture ou encore un simple vermifuge.
Donnez un quignon de pain à votre cheval et vous serez accusé de vouloir l'empoisonner....

- Le GOUROU est bien plus dangereux. C'est la même sauce que l'adepte, mais il est meilleur communicant. Parfois sous une apparence de tolérance, il vous fait passer son message. Il vous ménera malheureusement a des erreurs graves car pour lui toute l'équitation traditionnelle est mauvaise; les soins que vous donnez mauvais et au passage s'il peut vous vendre quelque chose.....C'est lui qui lance des bruits du genre "la durée de vie moyenne d'un cheval de loisir est de 5 ans à cause des fers et des soins, les chevaux sauvages eux vivent 40 ans"...après tout, ça n'engage que ceux qui y croient....et leur porte monnaie. Bien souvent la relation n'est pas évidente au début...mais rassurez vous bien vite elle le deviendra: vente de livres, stages, médicaments miracles, matériel....proposés par lui même ou par ses amis


Soyez donc prudent lorsqu'on vous déballe des choses telles que:

-un cheval ne doit pas porter de couverture car ça le rend fragile et ses pieds seront moins forts.

Déja on voit pas le rapport avec les pieds...et allez dire ça à un cheval de 35 ans maigre et faible !!
Vous me direz, c'est un bon moyen de se débarrasser de son vieux cheval en se donnant bonne conscience....

-un cheval ne doit manger que du foin; et encore ni Crau ni luzerne !

Ben allez aussi dire ça à un vieux cheval édenté...même remarque que précédemment !!
Plus généralement, un cheval nourris au foin n'a pas l'énergie nécessaire pour effectuer un travail important, et souffrira très probablement de carences suite à ce travail. Selon la qualité des prairies récoltées, on peut même s'inquiéter de l'état des poulinières et poulains nourris juste avec ce foin. Et pour le reste, la compétition de haut niveau "c'est mal" pour 80 % des adeptes. Ne leur parlez pas des courses, ils vous bruleront sur un bucher.
Bien sûr votre interlocuteur vient d'oublier que le cheval sauvage consomme aussi des fruits, graines, feuilles, brindilles...

-un cheval ne doit pas recevoir d'anti inflammatoire

Comme ça il sent bien la douleur et se ménage...ben voyons...il est bien connu qu'on fait disparaitre une boiterie majeure avec juste une dose de produit. Laisser souffrir une bête ainsi est scandaleux; ca relève du mauvais traitement et les associations devraient être alertées...ces gens sont pourtant les même qui prennent du Paracétamol pour leur migraine. Ou vous expliquent combien le mors, le fer et l'arçon font souffrir les chevaux.
Il y a 2 poids/2 mesures n'est ce pas ? Tout ca pour vous dissuader d'utiliser un produit manufacturé issu de la recherche médicale....donc "diabolique".
De toute façon, même le vétérinaire il vaudrait mieux éviter de l'appeler parait il...ben oui il est à la solde des laboratoires ! Mieux vaut soigner seul.

-un cheval ne doit pas avoir de vermifuges

Allez dire ça à un cheval logé dans un paddock de 5000 m2 avec 2 copains....ces gens oublient vite de vous dire que la prose "no chimique" n'est applicable que dans le cas de chevaux gérés sur des grandes parcelles (plusieurs hectares), avec rotation et avec administration fréquentes de plantes spécifiques, suivis de controles. Ce faisant, ces gens vont causer moultes anémies et coliques aux pauvres chevaux de ceux qui ne se rendront pas compte qu'ils n'ont pas les pré-requis nécessaires.
Lisez bien les mode d'emploi de ces méthodes et des "vermifuges" à base de plantes...vous serez surpris de ce qu'on comprend entre les lignes et de l'absence à ce jour de protocole précis et "garanti".

-un cheval ne doit pas être vacciné

Il parait que ça leur donne le cancer....en tout cas la grippe équine sur un vieux cheval, c'est le risque de décès. Le tétanos, j'en parle même pas. On sait tous ce que c'est, la mortalite et les souffrances du cheval. Seulement il parait qu'un cheval "au naturel" est plus résistant, donc ces maladies ne le concerneraient finalement pas...comme l'anémie infectieuse d'ailleurs lors de l'épidémie de 2009 dans le Var: certains propriétaires sous influence ont refusé d'utiliser des anti moustiques puissants, alors qu'on abattait des chevaux près de chez eux.

Problème: l'anémie est mortelle.....Mais au pire, c'est le cheval qui meurt, n'est ce pas ? L'humain/propriétaire tout puissant survivra à son choix philosophique. Et le gourou lui dira qu'il a mal suivi les méthodes, c'est tout.

-un cheval ne doit pas être pucé.

D'abord c'est offrir aux voleurs de chevaux un terrain bien fertile pour leur activité; avec souvent à la clé l'abattoir pour ces chevaux volés.
Ensuite, personne est foutu de dire pourquoi il ne faut pas, à part déblatérer des trucs sur le "pistage", les bases de données sur les humains, Big Brother et tutti quanti. On voit pas le rapport entre les libertés humaines, quelques erreurs de manipulation et protéger son cheval des vols.
Le pire c'est que ces gens ne sont pas contre le tatouage, qui lui est une pratique douloureuse et moins sûre, avec à la clé des atrocités (brulures, amputations...) pour faire disparaitre le marquage devenu gênant.


On pourrait comme ça en déballer des tonnes: les bandes de travail qui causent des claquages, les mors qui étouffent les chevaux, les parages qui doivent faire boiter pour guérir....le tout décoré "d'études scientifiques", dont la lecture complète montre combien elles sont orientées ou combien....elles ne disent pas ça du tout !

Je dirais juste: faites très attention, gardez votre esprit critique. Il y a du très bon dans ce courant; il y a du très mauvais.
Lorsqu'on se penche bien sur certaines doctrines, on se demande si ces gens aiment réellement les chevaux tant certaines choses relèvent du mauvais traitement au sens légal comme moral du terme.

Il y a clairement un business juteux derrière certaines affirmations; et on ne compte plus les chevaux qui ont des soucis à cause de selles sans arçon "bonne pour tout cheval" comprimant en fait atrocement les garrots saillants. A tel point que certains modèles ont été revus, voire abandonnés.....

Il y a aussi des gens qui ont eu des accidents graves à ce petit jeu du cheval au naturel, et lorsqu'on voit un cheval en licol avec sa cavalière pendue aux rênes à lui cisailler l'os nasal pour se faire obéir; on se demande vraiment où est la douceur ? Ou sont les progrès ?
C'est la même qui utilise une cravache (tien ?? c'est naturel ça ?) et monte sans selle mais n'a pas d'assiette...du coup le cheval en prend plein le dos et plein la gueule.
Finalement, n'aurait il pas mieux valut une bonne selle pour donner un peu de stabilité, un tapis en mouton (naturel !) pour amortir le tout, des rênes longues sur un hackamore et quelques heures de mise en selle?

Le pire, c'est que devant ce spectacle affligeant, des adeptes du naturel applaudissent....

Bref, je suis déçue de voir qu'un courant qui pourrait être sain et apporter un nouveau souffle apporte surtout de la doctrine, de l'intolérance et une absence d'efficacité globale. Au delà de l'effet de mode, qui durera ce qu'il durera, que va t il rester ?

Les selles sans arçon d'une marque bien connue sont nombreuses à la revente en état neuf....
Les gens qui tentent la monte basique en "bitless" en reviennent assez vite en tout cas pour la randonnée après une ou 2 belle frayeur.
Ceux qui abandonnent les soins traditionnels y retourne rapidement faute de substitut "miraculeux" malgré ce qu'on leur a fait croire
Ceux qui deferre sont souvent si mal entouré (pareur non formé ou pas sérieux, controverses sur les soins à apporter, exagérations diverses des adeptes, anti-maréchal ferrant primaire...) qu'ils finissent par referrer pour ne plus voir leur cheval boiter et leurs économies englouties dans des PHW et autres chaussures.

Bref lorsqu'on aura menti à des centaines de gens repartit donc dare dare chez les "traditionnels", que restera t il de ces bagarres de chapelle et autre positions extrémistes je vous le demande ?

Je participe à des tas de sorties équestres, avec de vrais randonneurs, de vrais meneurs. Je ne vois JAMAIS de cheval "total look naturel" selon l'idéal de douceur et de complicité des adeptes. Il parait qu'il existe pourtant....je ne sais pas....peut être sur des terrains qui leur sont réservés; où personne ne sera outré de voir un cheval monté boiter au bord d'un chemin creux car "il faut l'endurcir" ? Ou personne ne viendra contester lorsqu'un vieux cheval tremblera de froid sous une pluie battante faute d'être couvert ?

Le fait même de se mettre a part laisse entendre qu'il s'agit d'un mouvement plus sectaire de sportif. Espéront qu'ils ne feront pas d'émules, et que les amis du cheval sauront y prendre ce qui est bon et jeter le reste.

C'est ce que je tente de faire, et c'est le plus difficile.