On sait qu’un travail REGULIER est indispensable à l’obtention d’un niveau de forme correct. Cependant, un entraînement BIEN CONSTRUIT est tout autant nécessaire.

 

En effet, le travail du cheval d’extérieur aura plusieurs buts :

 

-faire en sorte que le cheval réponde facilement aux aides utiles

-l’assouplir, car cela facilite le passage des difficultés courantes et limite le risque de blessures en cas de faux mouvement.

-lui donner le pied sûr même en terrain douteux

-le muscler, du dos mais aussi des membres postérieurs par exemple, afin de lui permettre de porter le cavalier ou tirer la calèche sans souffrance et en tout terrain. On évitera ainsi l’apparition de dorsalgies, ensellement, mais aussi tendinites, sub-luxation sacro-iliaque….

-lui enseigner les difficultés courantes et plus exotiques : gué, mer, passerelle, route, bâches….

-renforcer sa confiance en l’homme  donc augmenter notre sécurité

-augmenter son endurance en prévision de randonnées sportives ou en montagne.

 

On constate qu’on lui demande des compétences bien plus nombreuses et variées que celles recherchées chez le « simple » cheval de Dressage par exemple.

La multitude des situations possible ; leur risque réel, associé à la durée voire la violence des efforts demandés au cheval d’extérieur justifie cet entraînement très complet ; mais rarement effectif il faut bien le reconnaître.

 

De fait la majorité des chevaux d’extérieur sont traités en simple « chevaux de promenade » et même à l’attelage, beaucoup ne sorte de leur pré qu’une fois par semaine au mieux, pour faire le tour du quartier. Il ne faut pas s’étonner ensuite d’avoir un animal qui refuse de franchir un gué, se trempe à la moindre montée violente ou ne répond plus à la jambe isolée. Donc un animal non fiable, peu pratique et finalement un facteur limitant de vos sorties….

 

Attention !! Ecueil !!

 

Je vous vois donc pleins de bonnes intention vous dire qu’il faut redresser la barre. Oui, mais pas n’importe comment.

En effet, il n’y a rien de pire que de passer d’une ballade cool par semaine à 10 sorties techniques d’affilées, au prétexte que vous partez en rando dans 15 jours !!

 

Le sur entraînement est aussi dangereux que le sous entraînement. Il peut conduire à de graves troubles physiques (tendinite, fracture de fatigue, myosite, troubles digestifs…)et psychiques (animal dépressif, rétif).

 

Par ailleurs, le fait de faire bosser « à mort » un animal qui ne fait rien car on prévoit une sortie est le meilleur moyen de le voir arriver épuisé au départ de la rando. Aussi, mieux vaut renoncer aux projets grandioses et se dire qu’une mise en forme c’est au moins 5 semaines de travail progressif, et bien plus si vous devez y ajouter de l’éducation de base.

 

Programme type

 

Bien difficile de donner ce programme type, chaque cheval étant différent et chacun d’entre nous ayant des impératifs.

 

Néanmoins, voici un exemple qui réussit bien au mien et reste raisonnable en matière de temps passé aux écuries :

 

Pour chevaux montés uniquement :

 

3 sorties par semaine

 

-1 sortie de Dressage en carrière; alterner longues rênes/longe et monte une semaine sur 2. Au monté, finir la sortie par 30 mn en extérieur facile, au pas rênes longues, en cherchant l’extension d’encolure et un pas actif.

 

-1 sortie active en extérieur, pour mise en souffle avec un retour sec aux écuries. Durée de 1 h minimum à 3 heures. Etre progressif dans les demandes d’allures. Les « bouts vite » sont amusants mais ne constituent pas en général une bonne technique pour travailler l’endurance. Préférer les temps de trot et de galop lent de 10 à 30 mn selon le niveau du cheval, suivi d’une récupération au pas. Pour durcir l’exercice, en augmenter la durée ou la déclivité, mais pas la vitesse. La vitesse cause des tendinites, déchirures musculaires, arthroses….et n’est pas plus efficace en terme de préparation.

 

-1 sortie lente, de 2h30 au moins (voire à la journée), avec beaucoup de pas et moins d’allures. On privilégiera les déclivités très fortes, les difficultés techniques : passage de gué, route fréquentée, contre haut….et on révisera le Dressage vu en carrière.

 

Pour chevaux attelés :

 

Même programme, mais les sorties en extérieur devront se faire au moins une fois par semaine attelé, en alternant le type de sortie (active et roulante ou plus technique).

 

 

En hiver…

 

On est tous pareil...il fait froid, il fait nuit, parfois la boue envahi les chemins.

Le travail en hiver est une gageure.

Il n’est donc pas interdit si votre cheval a bien bossé (par ex en TREC ou endurance) de lui proposer quelques semaines de repos complet, au pré. Vous pouvez d’ailleurs en profiter pour le déferrer totalement durant cette période, ce qui aura de nombreux bienfaits (le pied va se rouvrir, disparition des tensions dans la boite cornée et des inflammations dues à la résonance du fer et au côté « serré » de certaines ferrures…). Pas mal de maréchaux « à l’ancienne » pensait beaucoup de bien de cette façon de faire, qui se perd malheureusement.

Vous pouvez aussi sortir votre cheval une fois/semaine par exemple, en en profitant pour travailler ludiquement sur des points que vous négligez en saison : travail en liberté, apprentissage du stretching….voire…tours de cirque ??!

Cette interruption ne devrait cependant pas excéder 4 à 6 semaines et ne dispense pas de venir soigner et observer son cheval.

 

Les pauses d’entraînement sont positives pour le moral comme pour le physique, malgré ce qu’on peut craindre. Il faut juste vous souvenir à la reprise que votre cheval aura un peu « perdu « .

Des mini pauses (1 ou 2 semaines) en saison sont même une bonne chose à mon sens, et permettent parfois de franchir un cap en redonnant envie au cheval ou en stoppant l’apparition d’une fatigue, voire d’une douleur.

 

Les objectifs à poursuivre :

 

Voici quelques fondamentaux, valables pour tous les chevaux d’extérieur ayant une activité moyenne. Vous pouvez y ajouter ce que vous voulez, mais ce tronc commun est vraiment requis à mon avis.

 

Dressage en carrière monté :

 

-         Répondre aux jambes impulsives parfaitement (pression du mollet)

-         Répondre aux aides du départ au galop gauche et droite

-         Répondre aux aides de transition descendante parfaitement et sans tirer sur les rênes

-         Répondre à l’arrêt à l’assiette

-         Reculer quelques pas droit sans défense caractérisée ni se creuser.

-         Répondre parfaitement à la jambe isolée

-         Exécuter parfaitement l’épaule en dedans et le déplacement latéral avec ses variantes au pas. Quelques pas au trot.

-         Etre capable d’exécuter un cercle aux 3 allures sur des rênes souples et dans l’incurvation. Etre capable d’effectuer les figures de manège plus difficiles au pas et au trot au moins.

-         Savoir faire demi tour sur les hanches et les épaules proprement

 

Le tout dans une cadence correcte, stable avec une amplitude maîtrisable facilement et un travail juste. Sans enrênement, cravache, éperons ni bride complète bien entendu.

 

Longe et longues rênes :

 

-     Ne pas tirer ou emmener l’humain….

-         Répondre promptement à tous les ordres vocaux de transition, accélération…..

-         S’arrêter à l’ordre et tenir l’immobilité

-         S’incurver aux 3 allures, travailler juste sans enrênement

-         Reculer sans défense ni creusement

-         Tourner en longe au dessus d’une barre au sol sans jamais la toucher, avec attitude, amplitude et cadence justes et stables

-         Aux longues rênes, exécuter l’épaule en dedans et mobiliser les hanches à volonté

-         Aux longues rênes, exécuter des 8 au trot dans la légèreté et la juste incurvation, en conservant cadence et amplitude.

 

Dehors (certains exercices ne concernent pas le cheval attelé) :

 

-Passer un gué en confiance

-Monter dans un van sans aide

-Rester attaché durant une nuit, sans tirer (avec la sécurité et le confort requis pour le bivouac)

-Passer un contre haut et un contre bas en confiance (maxi 80 cm et au pas)

-Enjamber un fossé sans hésiter (maxi 80 cm de large)

-Marcher en bord de route sans crainte malgré les véhicules qui doublent, klaxonnent…

-Monter une très forte pente au pas dans le calme

-Descendre une très forte pente au pas dans le calme, en respectant une distance de sécurité avec le cavalier

-Evoluer au pas dans les broussailles et les branches basses sans crainte d’être touché ni de devoir enjamber un petit arbre tombé au sol

-Marcher en main en respectant la distance avec le cavalier au sol

-Rester immobile malgré les gesticulations environnantes (carte qui se déplie, KWay qui s’ouvre, montoir, personnes qui montent en voiture;…)

-Rester alors que le groupe s’éloigne, ou sortir seul du groupe.

-Attendre l’autorisation verbale de l’humain pour brouter lors des arrêts.

-Boire sans hésiter dans les torrents impétueux, les fontaines, une bassine…..

-Manger correctement à l’étape malgré le changement de lieu et de foin.

-Franchir un pont, même étroit ou surplombant une rivière agitée.

-Reculer entre des arbres

-Circuler entre des arbres sans accrocher les sacoches ou la voiture

-Marcher dans le calme même en terrain très difficile : boue profonde, pierrier….

-Marcher droit sans assistance sur plusieurs centaines de mètres (ex : bordure de champ cultivé)

-Garder l’allure et l’amplitude dite sans assistance pendant plusieurs kilomètres (ne demandez pas l’impossible ! il est normal et sain qu’un cheval qui s’employait fort ralentisse devant une forte descente ou un terrain très caillouteux).

-Avoir de bonnes initiatives si votre cheval en est capable. Ex : dévier sans danger la voiture de 20 cm pour lui éviter de prendre une grosse ornière. Certains chevaux sont capables de ce genre d’analyse, pas tous.

-Faire une randonnée en montagne de 5 jours (donc 95 % de pas en dénivellé) et rentrer sans perte de poids notable, ni douleur. Etre en état suffisant pouvoir refaire le chemin à l’envers après un court repos….

 

La majorité de ces exercices de « dehors » nécessite une parfaite assimilation des exercices en carrière…tout est lié !