Je suis tombé et j'ai très peur !
 

La chute fait malheureusement partie de la réalité de notre loisir. Néanmoins, si vous chutez régulièrement, c’est que votre enseignant, votre cheval, ou votre propre appréciation des difficultés est déficiente.

Il faut de toute urgence revoir cela.

 

En général ; une chute se solde par un bobo, un amour propre blessé et une remise en selle immédiate. C’est pour cela que lors de la séance suivante vous avez déjà oublié votre mésaventure. Au pire vous aurez une légère appréhension qui disparaîtra vite.

 


Le problème de la peur paralysante arrive souvent lorsque la chute est grave et vous conduit direct à l’hôpital, avec parfois des séquelles. Mais il peut aussi apparaître en cas de chutes multiples et rapprochées dans le temps.

Dans ce cas, même si vous aimez toujours les chevaux et leur compagnie, vous n’avez pas envie de remonter et l’idée même vous inquiète.

 

Comment résoudre ce problème ?

 

Voici le cheminement qui a été le mien après ma vilaine chute de 2008, qui m’a coûté une épaule et 2 opérations…Ce cheminement a très bien marché pour moi, puisque je remonte maintenant sur le cheval avec lequel je suis tombée et sans la moindre peur, a tel point que nous partons seul en ballade, y compris sur la route ou dans la colline.

 

1/ Isoler la cause de votre accident.

 

Facile d’accuser le cheval ; c’est ce que nous faisons tous au début, mais ça ne nous aide pas en fait ! On refuse ainsi de reconnaître ce qui est bien souvent notre faute à nous….

Par exemple, dans les 2 ou 3 semaines précédant la chute, votre cheval ne vous a-t-il pas manqué de respect ? Par exemple en passant devant vous en main, en vous donnant un coup de queue comme à une mouche ? En bougeant au montoir ou en refusant de venir lorsqu’il est au pré ? En refusant de s’arrêter à la seconde de votre ordre alors que vous montez en licol ?  Avez-vous assez réagit à ce manque de respect ?

Ou bien n’avez-vous pas abusé de la patience de votre cheval dans les semaines précédant votre chute ? Travail trop dur, punition injustifiée ou trop sévère, travail trop routinier…..nouveau mors dur, usage d’éperons ?

N’avez-vous pas négligé aussi les règles élémentaires de prudence : resangler avant de monter, ajuster un minimum ses rênes au montoir, vérifier votre harnais à l’attelage… ?

 

On peut comme cela multiplier les causes de problèmes ; depuis le changement de pension perturbant jusqu’à l’aiguille logée dans un tapis de selle reprisé.

 

Un accident n’est que très exceptionnellement 100 % de la faute du cheval. Bien souvent, en écoutant notre cheval, en rectifiant le tir rapidement et en observant les règles de sécurité, nous aurions empêché l’accident en évitant la réaction négative de l’animal ou en parvenant à la maîtriser à temps. Malheureusement nous sommes souvent trop pressés, trop routinés et trop sûrs de nous pour réellement écouter et détecter les problèmes en amont.

 

Parfois aussi nous n’osons pas dire à notre enseignant que l’exercice nous semble trop dur ou que nous ne voulons pas faire le saut demandé car nous avons peur. On se crispe et…devinez la suite….

 

Dès que vous aurez compris « pourquoi ? » vous aurez déjà un certain soulagement, car vous saurez comment éviter que ça se reproduise.

 

2/ Reprendre contact avec les chevaux

 

Il serait heureux que votre famille ou vos amis aient la bonne idée de vous conduire voir des chevaux, y compris celui qui était là lors de l’accident. Histoire de bien voir de vos propres yeux qu’il est « normal ».

Malheureusement parfois la famille croit bien faire en accablant le cheval et en nous incitant à ne plus monter….ou comment fuir devant la difficulté !

 


Essayez de trouver des influences positives ; surtout si elles veulent bien vous accompagner dans vos premiers pas de retour vers les chevaux : aller chercher le cheval dans le pré avec vous par exemple.

A ce stade le seul fait de vous occuper de chevaux est déjà une bonne chose. Vous n’aurez sans doute aucune envie de faire plus et probablement que votre état physique ne le permettrait pas encore. Il faut attendre d’être suffisamment remis avant toute tentative autre que de simples soins basiques sur des chevaux faciles.

 


3/ Reprendre une pratique équestre

 

Lorsque vous n’aurez plus d’appréhension à manipuler des chevaux en main, reprenez progressivement une pratique technique.

Si vous avez subit un gros choc, vous gagnerez sans doute à vous essayer dans un premier temps à une autre discipline que celle dans laquelle vous avez eu votre accident.

Commencer par des longues rênes, de la longe, du travail éthologique me semble très indiqué.

Ainsi, vous pourrez voir que le cheval vous obéit et en plus apprendre de nouvelles techniques de travail très utiles.

A ce stade, prenez votre temps. Celui qu’il vous faut. Espérons que vous serez encadré par des gens censés et capables de vous aider, en vous poussant mais pas trop.

 

Vous allez ensuite pouvoir reprendre une activité dans laquelle vous êtes sur le cheval ou sur une hippomobile. De nouveau vous devenez donc dépendant de la volonté du cheval, vos pieds ne touchant plus parterre. Vous pouvez tout à fait faire de la voltige en cercle, de l’attelage ou encore de l’équitation western selon la discipline que vous pratiquiez. C’est le moment de tenter quelque chose de différent, qui ne vous ramènera pas à votre accident par l’équipement ou le contexte de travail. Suivez votre inspiration ; souvent nous nous contentons de faire du CSO ou du dressage car nos clubs ne propose que cela. Mais secrètement, n’avez-vous jamais rêvé de monter en amazone ? De mener une calèche avec 2 beaux chevaux ? C’est le moment de faire un stage ! Surtout, ne cachez pas votre état physique et vos peurs à l’instructeur. Il n'y a pas de honte à mener un shetland et c'est même très amusant.

 

Si ceci c’est bien passé, vous pouvez reprendre très progressivement votre ancienne activité (ou ne pas la reprendre si avec le recul vous la jugez trop dangereuse. Ex : le cross)

 

Durant cette période, si vous allez être amené à remonter le cheval avec lequel vous avez été accidenté, il est souhaitable de le retravailler et surtout de le faire bosser par d’autres sous votre œil. Vous verrez alors de vous-même qu’il est tout à fait coopératif, et le voir bosser dans le contexte de votre accident vous rassurera mieux que tout discours.

 

4/ Remonter ou ré-atteler le cheval en question !

 

C’est le moment…attention ne le faites que si votre peur a fortement diminué. Il faut « le sentir », sinon vous allez à la catastrophe.

Faites en sorte de ne pas vous trouver dans le contexte correspondant à l’accident.

 

Ex :

 

Cheval qui a bougé au montoir : faites le tenir !

Cheval qui a refusé un saut : ne sautez pas !

Cheval qui a planté un demi tour en ballade : restez en carrière !

 

Faites même juste un tour au pas, les allures n’ont aucune importance. Restez en selle tant que ça vous fait plaisir, mais ne prolongez pas inutilement la chose ; vous devez rester sur une séance 100 % positive. Vous ne faites pas un concours et ne passez aucun examen : pas d’objectif. Ne vous entourez pas de gens pressés de vous voir revenir à votre meilleur niveau.

Continuez dans cette idée le temps nécessaire.

 

Pour ma part je suis tombée au montoir, le cheval ayant planté un départ au galop avec demi tour sur les hanches. J’ai pris soin lors de ma reprise du travail de me le faire tenir au montoir. Maintenant je ne le fais plus, mais il m’a fallut plusieurs semaines pour arriver à monter ainsi sereinement. Et encore…je le mets dans la carrière ; porte ouverte. C’est psychologique, mais au moins je suis tranquille. Il n’y a plus jamais eu d’incident.

 

N’ayez donc pas honte de demander à ce qu’on vous le tienne pour monter, et même marcher s’il le faut. Reprendre pleinement confiance en lui passera sûrement par ce genre de chose ; votre éventuel Galop 7 ne vous interdit pas la prudence et l’intelligence !!

Dites vous que ceux qui (éventuellement) rient sous cape n’auraient peut être même pas votre volonté de remonter s’ils étaient à votre place.

 

 

 

 




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