Cette affection est fort peu connue, si bien que de nombreux professionnels ne la connaissent pas ou peu, et s’avère dans l’incapacité de l’identifier et encore moins de la prendre en charge. Pire, trop souvent elle est assimilée du fait de ses symptômes à un simple caprice du cheval qui refuse le curage des postérieurs et l’animal est puni !
Même parmi les vétérinaires spécialisés, cette affection fait encore bien débat.
Il s’agit d’une affection apparement neuro-musculaire. Elle se manifeste en général au niveau des membres postérieurs et de la queue.
Elle est confondue parfois avec le « harper », et avec des myopathies comme celle dite « de stockage ». Certaines recherches laissent entendre cependant qu’il y aurait un lien entre ces myopathies et le shivering.
Cette affection semble ne pas trop concerner le jeune poulain, mais le cheval au travail, et notamment les chevaux de course au trot, mais aussi de CCE par exemple. Je l’ai observée sur un cheval de dressage et je vous rappelle le cas du cheval de Grand Prix d'Isabell Werth, touché lui aussi.
Certains la disent dégénérative avec évolution plus ou moins lente, mais j’ai un autre témoignage à ce sujet, je vous en fais part plus bas.
Elle se manifeste lors d’une demande de reculer ou de lever de pied sur un cheval immobile.
Le cheval se mets alors à trembler parfois de façon très violente, au niveau du membre postérieur. La queue est portée à l’horizontale ; raide elle aussi. Le cheval semble angoissé par cette manifestation lorsqu’elle est importante. Il peut ainsi raidir son encolure. Les membres antérieurs peuvent être touchés, mais cela est rare.
On peut reproduire les crises à l’infini en redemandant le mouvement causal. Elles cessent dès qu’on ne tente plus d’obtenir ce mouvement.
A un stade précoce ou lors de rémission, le cheval garde une gêne lors de la demande du postérieur ; il semble inquiet, raide et ne parvient pas à mouvoir son membre normalement. La jambe est fortement pliée, dure et on ne peut que très difficilement la manipuler. Le cheval s’il est bien soutenu peut se détendre, mais il est alors obligé de le faire totalement et vous devez porter la jambe. Ca ne dure généralement pas longtemps avant une nouvelle crispation. Lors du poser, le pied retourne souvent au sol de façon violente ; il est rare que le cheval parvienne à descendre lentement et naturellement.
En marche, le cheval est en général on ne peut plus normal, et il est capable de performances y compris à très haut niveau.
Chez mon cheval, on peut avoir en plus une manifestation à la suite d’un effort violent s’interrompant brutalement par une immobilité. Dans ce cas un tremblement est observable sporadiquement, mais la queue n’est pas raidie. Le fait de marcher une ou 2 minutes fait cesser la manifestation qui n’est pas systématique, je le redis.
C’est là que semble se confondre shivering et autre myopathie ; il est possible que mon cheval souffre de 2 affections différentes et proches.
Seule une biopsie et une analyse sanguine permettraient de savoir de quoi il retourne. Néanmoins, en l’absence de toute façon de tout traitement pour les différentes affections soupçonnées et compte tenu du traumatisme lié à la biopsie, je n’ai jamais fait aucun examen.
Le stress me semble un élément important dans ce mal, et cela est confirmé par mes lectures.
Une blessure pourrait aussi être un élément déclencheur de la maladie.
Cette affection rend le ferrage des postérieurs extrêmement complexe ; avec un recours nécessaire aux calmants. Malheureusement, au delà même de l’aspect toxique potentiel, cette façon de faire ne peut qu’engendrer du stress…qui aggrave le mal….donc on pique…on stresse…et voilà pour moi un dangereux cercle vicieux.
Le recours au pied nu me semble plus que judicieux dans ce contexte, d’autant plus qu’il peut apporter une considérable et durable amélioration. Ainsi, mon cheval tremblait très fort. 15 jours après déferrage, son état s’est visiblement amélioré et aujourd’hui les tremblements typiques du shivering sont faibles et limités au curage des pieds; il est devenu capable de reculer y compris attelé, ce qui était inespéré au départ.
En l’absence à l'époque de tout traitement médicamenteux ou rééducatif, je ne peux que penser que la source de ce mieux est bien le pied nu. Peut être par une amélioration des sensations du pied ou de la circulation sanguine ?
Il faut noter cependant dans ce contexte qu’une douleur liée à un terrain trop accidenté et coupant fait apparaître une raideur musculaire en marche, bien sensible. Le cheval atteint par ce mal semble exprimer la sensibilité de la sole de cette façon. Le recours à des hipposandales est alors nécessaire.
Pour améliorer l’état du cheval atteint de shivering comme de nombreuses autres maladies proches ; on considère qu’il faut :
-lui donner de l’espace, la vie au paddock étant très importante
On choisira une formule « plein air intégral ». Cherchez une solution rapidement, en privilégiant un pré ou paddock spacieux et comportant des zones plates pour le repos du cheval. Un pré totalement en pente est non adapté, et un paddock de 10 mètres sur 5 est insuffisant pour améliorer notablement un cheval atteint de shivering.
Le pré (avec de la vraie herbe) est un plus énorme.
-l’inciter à se déplacer en lui donnant des compagnons et en aménageant le parc
La présence d’un compagnon avec lequel le cheval s’entend bien (autre cheval, chèvre…) est un plus très important, et particulièrement si votre cheval est anxieux. Il l’incite aussi à se « déraidir » en bougeant. Vous pouvez accentuer cela en éloignant le plus possible la nourriture de la boisson ou en cloisonnant le parc pour créer un labyrinthe.
S’il prend l’habitude de stationner en permanence dans l’abri de pré, supprimez le temporairement.
-l’empêcher d’avoir froid ; ces chevaux ne doivent pas frissonner.
Le frisson est l’expression visible d’un animal qui a froid et tente de se réchauffer. Le cheval atteint de shivering est bien trop enclin à trembler pour l’y inciter. Une couverture étanche (type imperméable) sera un détail important en hiver, notamment en cas de grosse pluie. Un modèle bien ajusté et de qualité tiendra le coup 2 à 3 ans et restera sec même après 3 jours de précipitations.
-le muscler ; la faiblesse musculaire n’est pas favorable.
Un travail régulier et pas trop violent est requis. Il faut mener ce travail de façon rationnelle, en tenant compte des « jours sans ». Certains chevaux seront mieux avec 3 courtes sorties par semaine, d’autres avec 1 longue. Par contre laisser le cheval sans travail 3 semaines puis venir se défouler dans la colline un dimanche n’est pas bon et peut déclencher une crise au retour. Avec un travail bien pensé et progressif, il est possible de mener un cheval atteint à haut niveau même dans des disciplines exigeantes comme les courses.
-ne pas le stresser ; toute relation basée sur le stress et la violence est proscrite.
Il est prouvé par de nombreuses observations que le stress est un facteur fortement aggravant. Toute méthode de travail basée sur l’épuisement physique et psychique sera donc vouée à l’échec, ainsi que toute méthode ne laissant pas assez de place à l’écoute. Le travail dans le conflit est à bannir, ainsi que toute discipline qui par elle-même serait fortement et durablement stressante pour le cheval. On pourra revenir à cette discipline, de façon parcimonieuse au début, après avoir obtenus des résultats durables en terme de santé.
Une grande complicité cavalier/cheval est un plus important dès lors que les demandes augmentent. Sachez d’ailleurs donner des périodes de repos à votre cheval, de travail « facile », qu’il aime….
Ex : un cheval qui stresse sur le Rectangle ne doit pas y être travaillé. On devra s’y mettre en selle, puis sortir en extérieur travailler autre chose (voire faire du Dressage…mais de façon ludique). Normalement les progrès du cheval permettront bientôt de lui demander de petits exercices simples sur le Rectangle ; pendant 10 à 15 mn, avant de sortir de nouveau. Ainsi on dédramatise et on évite un raidissement de toute façon peu favorable au Dressage.
Les transports doivent être soignés, dans un véhicule confortable dont le cheval pourra descendre facilement. Le chauffeur devra être doux. Si le cheval voyage mal, il faudra le désensibiliser ou utiliser de l'homéopathie.
On doit aussi veiller à ce que le copain de pré soit apprécié du cheval malade; s'ils ne s'aiment pas (même sans violence évidente), cela génèrera un stress hautement nuisible. Mieux vaut alors isoler votre cheval ou lui offrir une chèvre.
-faire un bilan ostéopathique
Un traumatisme pouvant être à l’origine de problèmes de ce type ; mieux vaut consulter un bon ostéopathe si vous notez par exemple que votre cheval est très raide d’un côté, ne galope que sur un pied….De toute façon le syndrome cause des postures anormales, et favorise les blocages. Ces blocages favorisent contractures et douleurs...qui favorisent la maladie !
Un bon suivi est donc gage d'amélioration durable du cheval.
-apporter une alimentation équilibrée et riche en Vit E, B12, sélénium, graisses et pauvre en glucides.
Les chevaux atteints de myopathies proches sont ainsi traités, avec des résultats parfois intéressants. Ce type de diète s’avère logique et pourra donc être privilégiée ; en incorporant dans la ration de l’huile de colza par exemple.
Au besoin, on se fera aider grâce à des compléments alimentaires car le sélénium est difficile à apporter en quantité suffisante, et la vit E est assez fragile. Sans vit E l’apport de sélénium est inutile ; le cheval ne peut pas en profiter.
Un contrôle vétérinaire par un praticien intéressé est un plus important.
-déferrer les pieds concernés.
Ca permet de ne plus générer le stress du ferrage, voire d’améliorer les sensations et par là même la stabilité. Le choix d’hipposandales de type Cavallo s’avère judicieux si le cheval est sensible. Même des chevaux assez atteints arrivent vite à lever suffisamment le pied pour les enfiler.
-faire des exercices de rééducation.
Comme un malade qui irait chez le kiné, vous avez intéret à tenter une rééducation de votre cheval.
Par exemple; vous pouvez le faire marcher progressivement en terrain varié, et notamment dans la boue de plus en plus profonde, faire franchir des barres au sol puis sur élevées de 10 cm, faire reculer le cheval sur UNE barre au sol (très efficace si votre cheval est en mesure de reculer). Bref, tout exercice qui permet au cheval de mieux comprendre où sont ses pieds postérieurs, comment ils bougent et qu' ils peuvent le porter efficacement.
Soyez très progressif, sous peine d'avoir un effet inverse à celui souhaité.
Il n’existe à ce jour aucun autre traitement du vrai shivering mais avec ces soins votre cheval devrait rapidement voir ses symptômes régresser et vous permettra de faire de belles sorties. Bien entendu il reste fondamental de consulter votre vétérinaire, votre cheval pouvant souffrir d’une maladie proche mais pour laquelle il existe d’autres protocoles mieux adaptés, voire un traitement précis et efficace.
Sachez que les "bricolages" tentés par certains cavaliers notamment de haut niveau se font avec des médicaments non autorisés pour le cheval, donc sans que l'on connaisse les conséquences à long terme pour sa santé.
C'est le cas avec la Fluphenazine, qui cause des ralentissements de la sudation, voire des vertiges et malaises divers chez l'homme.
On imagine ce qu'il peut arriver à un cheval d'endurance au travail en Juillet et qui ressentirait les effets secondaires de ce produit....l'hyperthermie, et la mort.
Mise à jour du 24 Juillet 2013 :
Depuis le travail du Rassembler selon les préceptes de l'école de Versaille (voir l'ouvrage de M De La Guerinière "l'école de cavalerie"); les symptomes en marche semblent encore régresser.
Le reculer est meilleur et plus "automatique". Il est obtenu sans contrainte aucune; par simple basculement du bassin.
Sur la barre au sol le reculer est aussi plus facile.
Les tentatives pour obtenir le piaffer aux piliers se soldent par une réussite étonnante.
Au premier essai, le fléchissement des hanches très marqué et les levers des postérieurs se sont accompagnés de tremblements et contractions évidents; manifestation claire d'une crise de shivering. Toutefois, la queue restait portée assez normallement et le cheval restait en capacité de maitriser plutot bien les levers des postérieurs; dont la hauteur était relativement normale.
La nouveauté aura crée un stress et la demande de mobilisation sans avancer (comme pour donner les pieds) n'aura fait que renforcer le risque de crise. Pourtant peu accentuée au final.
Dès la deuxième séance, une diagonalisation conforme aux demandes du piaffer a été obtenue; c'est à dire sans reculer ni avancer ni se traverser. Les tremblements avaient disparus. En retour, la contraction étant moindre le fléchissement des hanches l'était aussi. Le stress était retombé.
Le travail continue., avec l'idée que le cheval soit capable de piaffer sans symptome de shivering; et à terme, qui sait, de redonner briévement le pied sans trembler.......
Mise à jour du 2 juin 2014 :
Une année de plus s'est écoulée.
L'hiver, peu froid mais extrêmement pluvieux et boueux, a été difficile pour mon cheval. Au début il ne voulait pas trop de sa couverture, et j'ai commis l'erreur de penser "il sait ce qui est bon pour lui" et de ne pas la lui mettre.
Les symptomes ont regrossit avec les millimètres de pluie glacée tombée sur son dos. L'abri ne suffit pas....
J'ai donc sortit la couverture, qui a fait grand bien. Mais trop tard.
Ensuite j'ai voulu le mettre à l'herbe avec un cheval un peu trop dynamique: stress..symptomes aggravés, amaigrissement....pas bon.
Je teste du coup un nouveau mode de vie, qui donne forte satisfaction : pré intégral (un vrai, avec de l'herbe, donc cheval qui marche tête en bas tout la journée) avec 2 chevaux sociables et qui ne l'embêtent pas; cure d'Harpago+ à quasiment double dose pendant 7 jours (accident, dosette non conforme...mais résultat) puis Reverdy Flexy à dose 50ml/jour.
Les symptomes ont de nouveau régressés de façon importante.
Hier, j'ai pu charger mon cheval dans un van une place et le faire redescendre lentement et proprement en marche arrière, sans stress ni vraie difficulté.
A l'époque de l'achat il y a 6 ans, cela aurait été impossible: j'avais chargé dans un 2 places sans séparation (heureusement !), et il avait du faire demi tour dedans pour sortir ! Reculer était impossible, bien sur je ne le savais pas lors du chargement.
Je vais prochainement tester un aliment très cher mais très pauvre en amidon, j'espère que cela améliorera "l'autre maladie" dont souffre peut être mon cheval ,et par là même fera régresser encore les tremblements.